Privel Hinkati, de l'athlétisme à l'aviron

Sélectionné pour les Jeux Olympiques, le franco-béninois s'entretient malgré la période délicate. L'an prochain, il naviguera dans la Baie de Tokyo, récompense ultime pour ce rameur passé par l'athlétisme.

C’est à l’automne 2019, à Tunis, que le rêve de Privel Hinkati prend forme. Après des années de dur labeur, il obtient un billet pour les Jeux Olympiques de Tokyo en aviron en terminant 5e des sélections de la zone Afrique. C’est sous la bannière du Bénin, pays qui a vu naître ses parents, que l’Hérouvillais participera au rendez-vous planétaire.

 

Quelques mois plus tard, l’annonce du report de la compétition est venue mettre un coup d’arrêt à une carrière que devait atteindre son point culminant cet été. « La première semaine après la décision a été compliquée. Cela va au-delà du sportif, l’impact se ressent aussi dans mon quotidien. Les Jeux Olympiques devaient être l’aboutissement de plusieurs mois d’efforts et de choix de vie contraignants. Devoir tout décaler d’un an n’est pas simple à assimiler. Il me faudra également trouver des fonds pour financer une nouvelle année de préparation, cela ne sera pas simple dans ce nouveau contexte. »

 

Du rameur dans le garage

 

Même si la période de confinement n’est pas la plus agréable, il n’est pas question de se relâcher pour celui qui a fait de la patience et de l’abnégation ses principales forces. « La saison se termine avant d’avoir commencé, c’est un peu étrange. Je fais en sorte de pas perdre tout le travail effectué cet hiver. Je m’entretiens chez moi en faisant du rameur dans mon garage, de la musculation et quelques footings. » L’envie de retrouver les eaux du canal de Caen-Ouistreham n’en sera certainement que plus grande dans les prochaines semaines.

 

Concentré sur son objectif final, le rameur de 31 ans a appris au fil des années à accepter la présence de la solitude lors de séances d’entraînement très matinales. « À la base, je ne suis pas quelqu’un de solitaire. Le sport est avant tout une question de satisfaction personnelle. Le jour de la compétition je sais pourquoi je suis là. Le fait de ne pas bénéficier de conditions faciles pour m’entraîner me procure un surplus de motivation en compétition. »

 

Un passionné d’athlétisme

 

En parallèle à l’aviron, Privel Hinkati a pratiqué l’athlétisme pendant plusieurs années au SC Hérouville. « J’ai commencé en dépannant lors des interclubs. La pratique du demi-fond me permettait d’effectuer un bon travail foncier pendant l’hiver. Je participais au cross court et à quelques compétitions lorsque c’était possible. Je suis un compétiteur et mon objectif est toujours de bien figurer lorsque je prends part à une course. »

 

Un sport individuel qu’il prenait plaisir à pratiquer en groupe auprès notamment de la future internationale Maëva Danois. « L’athlétisme est l’un de mes sports favoris. Les séances sont exigeantes et je retrouve le même plaisir qu’en aviron lorsque je réalise un bon entraînement. Au quotidien, je préfère le collectif mais pour la pratique de l’aviron je n’avais pas le choix. L’objectif est plus fort que tout alors je ne réfléchis pas, j’y vais. »

 

Fier d’être l’ambassadeur d’un projet qui ira à son terme dans un peu plus d’un an, Privel Hinkati pourrait bien susciter des vocations auprès de jeunes sportifs qui rêvent d’emprunter son sillage.

 

Pour l’AOMH, Malcolm Duquesney