Pascal Martinot-Lagarde : « Je suis quelqu'un de positif »

Champion d'Europe en titre sur 110 m haies, le Francilien n'aura pas l'occasion de défendre son titre à la maison. À 28 ans, le médaillé de bronze des mondiaux de Doha, relativise et pense à l'avenir.

Sur le papier, 2020 s’annonçait comme une année exceptionnelle pour les amoureux du sport et plus particulièrement de l’athlétisme. Quelques semaines après les Jeux Olympiques de Tokyo, le Stade Charléty devait accueillir le gratin de l’athlétisme européen du 26 au 30 août, une première sur le territoire français depuis 1938. La crise sanitaire mondiale aura finalement eu raison de ces deux grands rendez-vous. Un mois après l’annonce du report d’un an des JO, les championnats d’Europe de Paris ont été annulés.

 

« Ce sont les championnats d’Europe qui auraient le plus fait écho dans ma carrière, assure Pascal Martinot-Lagarde. Ce n’est pas anodin de participer à des compétitions devant le public français. Il y a plus d’adrénaline et le support du public peut nous permettre de décupler nos performances. À choisir, j’aurais préféré que Berlin ait été annulé plutôt que Paris (rire). »  Il y a deux ans, dans la capitale allemande, il était monté sur le toit du Vieux Continent en devançant d’un souffle le Russe Sergey Shubenkov en finale du 110 m haies (13’’17).

 

La fin de l’incertitude

 

Confiné en région parisienne en compagnie de ses proches, PML a progressivement levé le pied en voyant ses objectifs sportifs mis entre parenthèses. « J’ai peu à peu perdu la motivation, je m’entraîne beaucoup moins. Pour moi il y a deux types d’entraînements, celui de performance et celui de santé. Je suis passé de l’un à l’autre lors de l’annonce du report des JO. Je ne fais plus de séances difficiles mais plutôt de l’entraînement qui me permet de me vider la tête, de décompresser. »

 

Dans l’attente d’une éventuelle saison, le détenteur du record du France (12’’95 depuis 2014) se veut pragmatique. « Je n’avais plus trop la tête à vouloir que les JO se tiennent à tout prix. Je pensais davantage aux conséquences terribles sur le plan sanitaire. J’ai trouvé que la décision était juste, je n’ai pas eu de grosse déception ou de baisse de moral. Ce qui m’énervait le plus c’était d’être dans l’incertitude. »  

 

Un repos salvateur ?

 

Même si la période actuelle peut en conduire plus d’un à sombrer dans la morosité, Pascal Martinot-Lagarde préfère voir le verre à moitié plein en pensant à l’après. « Je suis quelqu’un de positif. S’il y a une saison blanche, je préfère me dire que c’est une saison de répit pour mon corps. Car sur la piste, lorsque j’enchaîne les compétitions, je ne récupère jamais complètement. Si cela peut me permettre de prolonger ma carrière jusqu’à 37 ou 38 ans je prends ! »

 

Après avoir goûté à tous les podiums internationaux en salle ou sur piste à l’exception des Jeux Olympique (4e à Rio en 2016), le hurdleur prévient. « S’il y a des compétitions cette saison il faudra privilégier l’aspect spectacle à l’aspect performance. Si un athlète court un 110 m haies en 13’’80, il ne faudra pas dire que c’est une mauvaise performance mais relativiser le résultat. Je suis réaliste sur la situation, je ne vais pas courir en 13 secondes en commençant la préparation dans mon canapé. Cette saison, je pense que l’athlétisme devrait se réinventer de façon plus fun, pourquoi pas dans des lieux insolites… »

 Pascal Martinot-Lagarde

2024, le grand rendez-vous

 

« Je pense que le sport reviendra à la normale même si cela peut prendre deux ou trois ans. Nous, les athlètes, avons tous le même message lorsque nous disons qu’en ce moment le sport est secondaire. Il est très important en temps normal mais en période de crise je trouve logique qu’il passe au second plan. Le sport conservera sa place dans le monde. Nous aurons toujours ce rôle de fournisseur officiel de frissons (rire). »

 

Malgré la frustration du rendez-vous manqué avec le public français cet été, l’athlète de l’ES Montgeron entend être présent sur la piste du Stade de France en 2024. « Je ferai tout pour participer aux Jeux Olympiques à Paris. Je serai en fin de carrière mais vous pouvez compter sur moi pour tenir jusqu’en 2024 ! »

 

Au fil des saisons, Pascal Martinot-Lagarde s’est imposé comme un membre incontournable de l’équipe de France. En 2014, il a même laissé son empreinte dans la Halle d’Ornano en bouclant le 60 m haies en 7’’45. Une performance qui constitue encore à ce jour son record personnel et la marque de référence dans la salle mondevillaise.



Pour l’AOMH, Malcolm Duquesney