Djilali Bedrani, l'héritier du 3 000 m steeple

Le Toulousain de 26 ans s'est révélé aux yeux du grand public en terminant 5e sur 3 000 m steeple lors des mondiaux à Doha. En 8'05''23, il perpétue la tradition française sur une distance dominée par les Kényans.

Djilali, comment vivez-vous cette période de confinement ?

Je suis chez moi à Toulouse, je m’adapte aux contraintes en poursuivant un entraînement régulier. Je pense qu’il faut relativiser notre pratique actuelle. Ne pas pouvoir s’entraîner normalement n’est pas dramatique. L’important est surtout de garder la motivation pour reprendre sérieusement et progressivement lorsque le confinement sera terminé. Je suis toujours en contact avec mon entraîneur (Sébastien Gamel) qui me prépare un bon programme pour maintenir la forme.

Cela demande tout de même une bonne organisation ?

Je suis parti en stage au Kenya début mars, juste avant que le virus ne prenne de l’ampleur en Europe. J’ai pris le dernier vol qui me permettait de rentrer en France et j’ai rejoint Font-Romeu (Pyrénées-Orientales) pour m’entraîner un mois en altitude. Ce n’était pas simple avec les restrictions mais j’avais espoir que cette période ne dure pas trop longtemps. Finalement je suis rentré chez moi lorsque le confinement a été prolongé. J’ai la chance d’avoir un parc à proximité et un peu de matériel pour faire de la musculation. 

Cette année 2020 était très importante en termes d’objectifs, c’est une grosse frustration  ?

J’ai été déçu du report des Jeux Olympiques de Tokyo même si je comprends la décision. Mais ce qui m’a le plus frustré a été l’annulation des championnats d’Europe à Paris. Un grand championnat à la maison c’est rare, la saveur est forcément particulière. Si je fais du haut niveau depuis 10 ans (10 sélections chez les jeunes et 7 en A) c’est pour vivre ce genre de moment. Un titre ou un podium à domicile n’a pas la même valeur qu’à l’extérieur et cela vaut aussi pour les retombés. Il faudra repartir de l’avant pour 2021, l’envie de m’entraîner est intacte. 

Vous sortez d’une belle saison 2019 avec une 5e place aux mondiaux (8’05’’23), avez-vous ressenti un déclic ?

Oui, dès l’hiver 2019 j’ai passé un cap en prenant la 4e place des championnats d’Europe en salle sur 3 000 m. Ce déclic s’est surtout caractérisé par une plus grande confiance en moi, je sais que je peux faire de belles choses. J’ai gagné en stabilité grâce à mon entourage et je me suis donné les moyens d’y arriver. Sur 3 000 m steeple, je pensais que faire moins de 8’10 un jour serait déjà costaud alors je suis forcément très heureux d’avoir réussi 8’05. C’est une bonne référence et je pense que je peux encore faire un peu mieux.  

Vous avez réalisé la 4e performance européenne de tous les temps derrière notamment Mahiedine Mekhissi et Bob Tahri, cela représente quoi pour vous ?

C’est une grande fierté car ce sont des athlètes qui m’ont inspiré et pour qui j’ai beaucoup de respect. Lorsque je m’entraîne au Kenya je vais dans le camp de Bob. En 2016, Mahiedine m’avait invité en stage avec lui à Albuquerque (États-Unis), quelque part il m’a aussi donné ma chance. Entretenir cette tradition française sur 3 000 m steeple est quelque chose dont je suis très fier. Désormais ce qui manque à mon palmarès c’est une médaille internationale. Je pense que 2020 était une belle occasion mais ce n’est que partie remise. J’arrive dans mes meilleures années, je prends énormément de plaisir et je pense que cela m’aidera à décrocher une médaille.

Comme vos aînés vous savez tenir tête aux athlètes Kényans sur 3 000 m steeple...

Je pense que tout se joue sur des détails et ils ne me font pas peur. En allant m’entraîner avec eux j’ai vu que j’avais les armes pour les battre. Les Kényans sont des humains comme nous alors je me dis que tout est possible. 

 

 

Pour l’AOMH, Malcolm Duquesney