Jarret Eaton : « J'espère vous revoir très vite »

Après neuf mois sans compétition, le vice-champion du monde 2018 du 60 m haies prend son mal en patience. Triple vainqueur du Meeting de Mondeville, le showman de la Halle d'Ornano nous donne des nouvelles.

 

Jarret, quel est votre regard sur les récents événements aux États-Unis ?

 

Je pense que mon pays grandit. En ce qui concerne le mouvement Black Lives Matter, il y a encore beaucoup à faire mais je suis content de voir que ce sujet est désormais sur le devant de la scène, nous sommes sur la bonne voie.

Le coronavirus est un vrai problème aux États-Unis et malheureusement il y a beaucoup de fausses informations qui se répandent et cela brouille le message des professionnels de santé. Mon seul espoir est que les gens comprennent la situation et fassent leur part du travail en portant des masques, en respectant les mesures.

Concernant l’élection présidentielle, nous avons enfin eu un dénouement. Je suis heureux du résultat même si je pense que le chemin sera encore long pour réconcilier les Américains.

 

Vous êtes originaire de Pennsylvanie et vous vous entraînez à Phoenix dans l’Arizona. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi l’enjeu était si important dans ces deux États ?

 

La Pennsylvanie est ce que l’on appelle un « swing state ». C’est un État où le vote est particulièrement indécis, il peut basculer d’un côté comme de l’autre. Certains États du nord et du sud des États-Unis sont ancrés dans le camp Républicain ou Démocrate. L’Arizona fait partie de ces États qui ont principalement voté Républicain ces dernières années. Cependant, la démographie évolue et la victoire des Républicains n’y est plus assurée. Ces changements montrent que les opinions évoluent et cela pourrait encourager d’autres États à suivre le mouvement.

 

Les Américains vivent ces événements avec une telle passion qu’il y aura toujours une certaine tension dans le pays. Personnellement, je ne la ressens pas car j’ai toujours vécu dans des grandes villes. Je n’ai pas peur pour l’avenir. Au contraire, je suis très excité de découvrir ce qui nous attend dans les prochains mois. Les États-Unis sont dans une période de transition et même si ce n’est pas toujours beau à voir je pense que cela sera pour le meilleur.

 

Sur le plan sportif, votre dernière course remonte au mois de février. Comment gérez-vous ces mois sans compétition ?

 

C’est un gros challenge pour moi. Voyager, participer à des compétitions… Tout cela me manque beaucoup. Ce n'est pas simple non plus financièrement. Cette période a aussi perturbé mon cycle de préparation pendant un petit moment mais actuellement tout se passe bien. J’arrive à m’entraîner normalement malgré la situation sanitaire. Je suis conscient que cela peut vite évoluer, il faut savoir être souple et relativiser. 

 

Quelle est votre source de motivation ?

 

Mon objectif est d’être champion du monde en salle sur 60 m haies. J’ai également envie de me qualifier avec l’équipe des États-Unis pour les Jeux Olympiques de Tokyo et de ramener une médaille. Ces objectifs m’aident à trouver la motivation au quotidien.

 

À 31 ans, pensez-vous à votre avenir après l’athlétisme ?

 

Oui, j’y réfléchis. Je termine actuellement ma maîtrise en administration des affaires et je travaille à la création d’une organisation à but non lucratif appelée Extra Pair. J’ai hâte d’avoir plus de temps pour me concentrer là-dessous lorsque ma carrière d’athlète sera derrière moi.

 

Avez-vous un message pour le public Normand et le Meeting de Mondeville ?

 

Tout d’abord je voudrais dire “Tu me manques” ! J’espère que vous allez tous bien et que vous resterez en sécurité en ces temps incertains. Gardez un état d’esprit positif. J’espère vous revoir très vite.

 

 

Recueilli et traduit pour l’AOMH, Malcolm DUQUESNEY

Crédit Photo Laurent B Photographe Caen