Aurore Guérin, le cross dans la peau

À 30 ans, la Manchoise compte huit sélections en équipe de France dont six championnats d'Europe de cross. À l'aube d'une hypothétique saison de cross, retour sur le parcours international d'Aurore Guérin.

Depuis 2014, la fin d’année est synonyme de championnats d’Europe de cross pour Aurore Guérin. Si le contexte sanitaire a eu raison de l’édition 2020 à Dublin, l’athlète de l’EA Mondeville-Hérouville garde le rythme. “J’ai la chance d’avoir Loïc (Letellier) qui m’accompagne avec des plans d’entraînement même s’il n’y a pas d’objectif précis et aucun pic de forme. Il y a des petites séances qui permettent de garder la motivation. J’ai besoin d’intégrer la course à pied dans mon quotidien. S’il faut courir dans les prochaines semaines, je suis prête !”

 

Après plusieurs années de travail sérieux et régulier, Aurore Guérin gagne en maturité et s’installe progressivement comme un membre incontournable de l’équipe de France de cross seniors lors du rendez-vous continental. “Chaque saison il y a cette adrénaline lors du cross de sélection où l’on se dit “Est-ce que ça va passer ?”. Je mets toutes les chances de mon côté mais il y a toujours ce petit doute. J’ai pris beaucoup d’expérience ces dernières années, je me connais parfaitement en compétition. J’ai connu ma première sélection à 24 ans et j’ai l’impression que cela devient plus compliqué chaque année avec les jeunes qui poussent.”

 

En dépassant le nombre de sélections de son entraîneur, Loïc Letellier, la vice-championne de France de cross 2015 a validé le petit challenge qu’elle s’était fixé. Mais la jeune trentenaire n’a pas dit son dernier mot dans les labours. “Lorsque l’on goûte à une sélection on en veut toujours plus. Les grands championnats ce sont aussi des rencontres, des moments d’échange et de partage avec les autres membres de l’équipe de France. J’ai envie d’être présente l’année prochaine et de faire encore mieux. Tant qu’il y aura de la passion vous pourrez compter sur moi !”

 

Avant de se tourner vers les prochains championnats d’Europe à Dublin (2021) puis Turin (2022), Aurore Guérin se replonge dans ses souvenirs. 

 

2014 - Samokov (Bulgarie) - 27e 

« J’ai été très bien accueillie en équipe de France. J’étais un peu en mode découverte puis j’ai eu un déclic pendant la course et je me suis battue pour l’équipe. Je savais que Sophie (Duarte) était dans le top 5, j’étais dans un groupe avec Christine Bardelle et Laurane Picoche et nous nous sommes encouragées pendant la course. On termine au pied du podium par équipes mais j’ai découvert un bel esprit d’équipe.»

 

2015 - Championnats du monde à Guiyang (Chine) - 58e 

« On m’avait dit de ne pas me retourner mais je n’ai pas écouté. Après quelques minutes de course, j'ai regardé derrière moi et il n’y avait plus grand monde (rire). Le parcours était composé de plusieurs boucles de 2 km et je ne voulais surtout pas me faire rattraper. J’ai finalement réussi à tenir mais le niveau était impressionnant. Je suis arrivée en forme, je venais de faire de bonnes performances sur 10 km… Sur cette course j’ai pu mesurer l’écart de niveau avec les athlètes africaines.»

 

2015 - Hyères (France) - 40e et vice-championne d’Europe par équipes

« Après 300 m de course, je savais que je n’étais pas dans un grand jour. Loïc (Letellier) était présent et il a tout de suite vu que je n’étais pas au mieux. La médaille d’argent par équipes devant notre public était tout de même une belle récompense. Généralement, il y a très peu de spectateurs aux championnats d’Europe, mes proches ont pu faire le déplacement et les athlètes français ont été très encouragés.»

 

2016 - Chia (Italie) - 26e 

« Je pensais souffrir de la chaleur mais je l’ai bien assimilé. J’aime la boue et les côtes, hormis quelques butes artificielles c’était tout l’opposé. Cela ne m’a pas empêché de faire une bonne course. J’ai pris conscience que j’étais capable de bien courir sur différents types de parcours. Entre la 20e et la 30e place il n’y a que quelques secondes, j’ai réussi à gagner 2 ou 3 places lors du sprint final.»

 

2017 – Samorin (Slovaquie) - 25e 

« C’est ma meilleure place aux championnats d’Europe et certainement ma course la plus aboutie du départ à l’arrivée. J’étais concentrée à 100% sur l’effort à fournir, j’ai beaucoup relancé et je n’ai jamais eu de coup de mou. J’avais d’excellentes sensations malgré le froid.»

 

2018 – Tilbourg (Pays-Bas) - 37e

« Je n’ai jamais réussi à faire la différence car je perdais les places acquises sur la portion technique dès que nous arrivions sur une partie roulante. J’ai surtout un souvenir mémorable de la célébration manquée de Jimmy (Gressier) lorsqu’il a remporté le titre chez les espoirs (rire). Lors de mes différents championnats d’Europe, il y a toujours eu au moins un titre pour l’équipe de France. Nous étions tous réunis devant le podium pour chanter La Marseillaise, c’est un très beau souvenir.»

 

2019 – Lisbonne (Portugal) - 36e 

« J’aurais aimé connaître le profil du parcours pour adapter la préparation. C’était une alternance de montées et de descentes. J’ai eu du mal à gérer ce type d’effort, je sentais que je n’avais pas toutes les armes pour lutter avec mes concurrentes. J’ai fait le déplacement avec Flavie (Renouard) et Ana (Egler), deux juniors du club. J’ai regardé leur course à la télévision dans ma chambre d’hôtel. J’étais très émue de les voir réaliser une si belle course (10e et 19e, médaille de bronze par équipes). Elles m’ont impressionné. C’était génial de pouvoir partager ce moment d’émotion avec elles.»



Pour l’AOMH, Malcolm DUQUESNEY