Alice Finot : « Une saison incroyable »

Pour sa première sélection en équipe de France, l'athlète de 30 ans a frappé fort en remportant la médaille d'argent sur 3 000 m (8'46''56) lors des championnats d'Europe en salle à Torun (Pologne). Lauréate du 1 500 m à Mondeville, Alice Finot savoure cette récompense avec les Jeux Olympiques de Tokyo dans un coin de la tête.

Photo : JEAN-MARIE HERVIO / KMSP / @FFATHLETISME

 

Alice, dans quel état d’esprit êtes-vous quelques jours après être devenue vice-championne d’Europe du 3 000 m ?

L’adrénaline est retombée, je dors mieux que lors de la première nuit (rire). Je suis très contente de ce résultat. C’est un bel aboutissement après une saison hivernale incroyable. Je savais qu’une médaille était possible et j’ai pris le départ de la finale avec la volonté d’aller chercher le podium.

 

Comment avez-vous construit ce podium ? 

 

La veille, en série, je me suis faite surprendre par l’ambiance d’un grand championnat. Tout le monde veut se faire une place dans le peloton et j’ai eu du mal à trouver la mienne. J’ai voulu tirer les leçons de la série en étant actrice lors de la finale. Je savais qu’il fallait que je reste au contact des quatre premières places. J’ai réussi à être très relâchée malgré les bases rapides de la course.

 

Dans le dernier 1 000 m, je me suis dit : “Maintenant tu t’accroches”. Je savais que tout était possible, j’étais concentrée sur la gestion de mon effort sur les 15 tours de piste. À 300 m de l’arrivée, j’évite une chute puis je m’accroche aux deux premières. À la sortie du dernier virage, je vois que je vais être sur le podium et cela m’a donné une force incroyable. J’étais bloquée à la corde mais j’ai finalement réussi à prendre la deuxième place en jetant mon épaule sur la ligne d’arrivée. 

 

Vous aviez réalisé votre deuxième meilleure performance la veille lors des séries (8’57’’28), l’enchaînement était-il délicat ?

 

C’est assez surprenant d’enchaîner deux courses de ce niveau en deux jours. J’ai pu compter sur le staff de l’équipe de France pour bien récupérer après la série. Le jour de la finale, j’avais de meilleures sensations à l'échauffement. J’étais rassurée car j’avais un atout supplémentaire. Pour moi les compteurs étaient remis à zéro et la série n’était pas représentative de ce qui pouvait se passer le lendemain. 

 

Un tel résultat était-il envisageable en début de saison ?

 

J’ai d’abord couru après le minima et réussir moins de 9 minutes sur 3 000 m était déjà assez exigeant. Avec mon entraîneur, nous avons travaillé pour remplir cet objectif en priorité. Lors de ma rentrée à Miramas, j’ai couru en 9’02’’63 dans une course qui pouvait être optimisée. J’ai ensuite travaillé la vitesse et la confiance sur 1 500 m (4’13’’98) à Mondeville. La forme est montée progressivement avec l’enchaînement des compétitions. J’ai réussi le minima à Liévin (8’53’’00) puis j’ai validé mon billet avec le titre lors des championnats de France. 

 

Lorsque j’ai consulté le ranking européen, j’ai vu que les premières n’avaient couru que quelques secondes plus vite que moi cette saison. Je me suis dit que c’était jouable pour la médaille mais il ne fallait pas se faire piéger en série. Dans un championnat tout est possible, il faut y croire jusqu’au bout. 

 

Vous réalisez la deuxième performance française de l’histoire sur 3 000 m en salle (8’46’’56), cette saison hivernale vous donne-t-elle des idées pour la suite ?

 

Le chrono est très intéressant. J’ai pu le réaliser grâce à la configuration de course avec un départ sur des bases rapides. Nous avons couru en 2’57’’ puis 2’58’’ sur les deux premiers kilomètres. Je suis une compétitrice et je ne suis pas surprise de parvenir à finir fort dans le dernier 1 000 m (2’49’’). J’ai réussi une bonne fin de course lors des championnats de France, cela m’a conforté dans ce que j’étais capable de faire et j’ai réussi à le reproduire lors des championnats d’Europe. Je prends de l’expérience, cette performance me donne confiance pour les prochains championnats internationaux. 

 

La qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo sur 3 000 m steeple sera votre prochain défi ?

 

Tout à fait. L’été dernier, j’avais déjà travaillé pour m’en rapprocher mais il y avait très peu de compétitions. Je pense être capable de réussir le minima (9’30’’) sans trop de difficulté même s’il faudra beaucoup travailler. Mes récentes performances sur 3 000 m reflètent un chrono inférieur à 9'30'' sur 3 000 m steeple. Je pars moins dans une course au minima car je me dis que c’est atteignable, c’est un stress en moins. Cela me permettra surtout de gérer ma préparation différemment avec un pic de forme pour les Jeux Olympiques. Pour moi le 3 000 m steeple est une évidence, je m’éclate sur cette distance ! Je suis une ancienne cavalière alors les obstacles je connais bien (rire). 



Pour l’AOMH, Malcolm DUQUESNEY