Les athlètes ont de l'appétit !

À l'heure où l'athlétisme reprend timidement ses droits, nous avons rencontré les athlètes régionaux qui ont brillé lors du dernier Meeting de Mondeville. Entre incertitude et impatience, ils nous racontent leur déconfinement.

Antoine Thoraval : « Le travail n’est pas perdu »

 

Le pensionnaire de l’EA Mondeville-Hérouville a réalisé un bel hiver sur 60 m (6’’86) malgré une frustrante 4e place aux championnats de France juniors. L’athlète de 18 ans a dû essuyer une déception de taille avec l’annulation d’un stage avec l’équipe de France de relais auquel il était convié pour la première fois.

 

« J’ai eu une baisse de motivation pendant le confinement car les journées étaient très répétitives. Je suis resté en contact avec Tanguy (Xavier, son entraîneur) ce qui m’a permis de maintenir le renforcement musculaire et quelques séances en côte près de chez moi. Après ma bonne saison hivernale, je comptais sur le 100 m pour tenter de me qualifier pour les mondiaux juniors avec le relais. C’est frustrant même si je pense que je vais rapidement retrouver mon niveau, le travail n’est pas perdu. Je ne sais pas encore si l’on pourra retourner au stade dans les prochains jours. S’il y a une saison avec des championnats de France en octobre j’ai envie d’y participer. Ça ne sera pas simple à planifier car la saison en salle va revenir très vite. »

 

 

Anne Maquet : « J’ai fait le deuil de la saison estivale »

 

La sprinteuse du Stade Sottevillais 76, adoptée par le Caen AC, avait fait de la saison estivale son principal objectif après avoir obtenu une place de demi-finaliste sur 100 m aux championnats de France élite 2019.  

 

« J’ai pu m’entretenir avec de la course longue et du travail sur home-trainer. Pour un sprinter, cette période a été très pénalisante car on a besoin d’avoir des sensations sur la piste et un regard extérieur pour le travail technique. J’ai fait une coupure de deux semaines et j’en ai profité pour faire un point sur la suite avec mon entraîneur (Stéphane Lepoittevin). Nos plans initiaux ont été bousculés. Nous avons décidé de privilégier une préparation plus longue en nous concentrant sur l’hiver prochain. Cela ne me perturbe pas spécialement car j’avais fait le deuil de la saison estivale. Je vois plutôt cette période comme une bonne occasion pour travailler mes points faibles et d’inclure un gros cycle foncier qui a déjà porté ses fruits par le passé. J’adore m’entraîner, j’apprends énormément et je pense que ce choix sera payant. »

 

 

Eugénie Hue : « Des séances de sprint sur le parking »

 

L’athlète du Nord Cotentin Athlétisme, spécialiste du 400 m (54’’07), était présente aux championnats de France élite cet hiver avant que le sport n’entre en hibernation.

 

« J’ai effectué un footing avec le groupe ce lundi, on avait besoin de se retrouver. J’ai l’habitude de m’entraîner seule mais à force cela devenait pesant. Pendant le premier mois de confinement, j’ai réussi à effectuer quelques séances sur un grand parking près de chez moi. Ce n’était pas l’idéal mais j’ai pu faire quelques sprints sur une centaine de mètres. J’ai aussi eu la chance que le club me prête du matériel pour faire du renforcement. J’attends de voir ce que la fédération décidera sur l’éventuelle reprise des compétitions. Je préfère rester positive même si cette période peut être préjudiciable pour la suite s’il n’y a pas du tout de saison estivale. J’ai besoin de courir énormément et je pense que chaque saison est importante pour préparer la suivante. Beaucoup d’athlètes ont fait l’impasse sur la saison en salle et feront carrément une année blanche… Cette période pourrait changer l’approche de l’entraînement et des compétitions à l’avenir. »

 

 

Flavie Renouard : « Le confinement est passé vite »

 

La jeune internationale de l’EA Mondeville-Hérouville a réalisé un hiver complet avec une médaille d’argent sur 1 500 m lors des championnats de France espoirs, une première participation aux championnats de France élite (7e) et un titre de championne interrégionale sur cross court.

 

« Je suis allée courir sur le bord de mer ce lundi, ça fait du bien ! J’ai plutôt bien vécu cette période de confinement, je trouve même qu’elle est passée assez vite. J’ai réussi à m’adapter rapidement pour maintenir un entraînement régulier avec des cycles de trois semaines de travail puis une semaine de repos. L’objectif était d’augmenter le volume tout en mettant de l’intensité sur quelques sorties. Je suis motivée pour les saisons à venir puisque les championnats de France espoirs auront lieu à Caen en 2021 tout comme les championnats de France élite en 2022, ce n’est pas si loin. Il y aura aussi le cross de sélection pour les championnats d’Europe en fin d’année. Même si la concurrence sera rude, le cross fera aussi partie de mes objectifs. »

 

 

Julien Marie : « J’ai besoin d’avoir un objectif précis »

 

Finaliste des championnats France élite 2019 sur 1 500 m, le pensionnaire de l’Athlétisme Marais de Carentan veut surfer sur sa bonne dynamique après un hiver ponctué par un nouveau record sur 3 000 m (8’16’’70 au Meeting de Mondeville) et une 7e place aux championnats de France élite.

 

« Les demi-fondeurs ont eu l’avantage de pouvoir s’entraîner correctement pendant cette période de confinement. Nous avons été moins impactés que d’autres disciplines de l’athlétisme ou que d’autres sports. Le plus dur était de s’entraîner sans avoir de visibilité. J’ai besoin d’avoir un objectif précis avec une date de compétition. Je me suis surtout entraîné en fonction de l’envie. Sur les grosses séances, c’est forcément plus difficile de s’engager pleinement. J’ai besoin de faire une préparation pour le 1 500 m et d’effectuer un test pour savoir où j’en suis. Cet hiver, j’ai pu participer à la saison en salle puis j’ai tout misé sur l’équipe avec une qualification pour les championnats de France de cross long. C’était une première dans l’histoire du club, c’est toujours frustrant de ne pas pouvoir concrétiser un objectif. »

 

 

Théo Derobert : « C’est pareil pour tout le monde »

 

Le perchiste du Caen AC a été l’un des premiers à fouler la piste du stade Hélitas sous l’œil de son entraîneur Stéphane Lepoittevin. Après avoir battu son record personnel cet hiver lors du Meeting de Mondeville (5m16), l’athlète de 23 ans veut prendre son temps.

 

« J’ai effectué ma première séance au stade ce lundi. C’est vraiment agréable de retrouver la piste, je commençais à en avoir marre de courir dans les chemins et sur le bitume. J’ai pu garder de bonnes bases physiques et techniques notamment grâce aux séances de renforcement en visio avec le coach. J’ai également du matériel pour travailler chez moi et je me console en me disant que c’est pareil pour tout le monde. Je préfère me concentrer sur un travail de course et ne pas toucher aux perches tant que le calendrier de reprise des compétitions n’est pas défini. J’ai besoin de prendre de l’expérience sur des concours de haut niveau comme je l’ai fait cet hiver pour passer un nouveau cap. »

 

Pour l’AOMH, Malcolm Duquesney

 Photos : 

Anne Maquet ©Jean-Marie ThuillierParis-Normandie
Antoine Thoraval ©Aline Chatel  Sport à Caen
Eugénie Hue ©lamanchelibre
flavie-renouard ©Aline Chatel Sport à Caen
Julien Marie AOMH
Théo Derobert ©Guillaume MARIE
Illustration Laurent ©Laurent B Photographe Caen